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L’IMAGE DE NEIGE

Elle cousait si vite, si vite, qu’à peine voyait-on courir ses doigts agiles. Pendant ce temps les deux bambins achevaient leur image de neige, et, tout en travaillant, leur mère les écoutait babiller. Elle ne pouvait s’empêcher de les regarder de temps à autre, et bientôt il lui sembla que l’image allait s’élancer pour courir avec eux.

— Quelle jolie compagne nous aurons cet hiver, dit Violette ; pourvu que papa n’aille pas avoir peur qu’elle ne nous fasse attraper froid. Tu l’aimeras bien, n’est-ce pas, Pivoine ?

— Oh oui, dit l’enfant, je la caresserai bien. Elle viendra, le matin, s’asseoir à côté de moi, et je lui donnerai de mon lait chaud.

— Non, reprit Violette gravement, cela ne peut pas se faire ainsi. Le lait chaud ferait mal à notre petite sœur. Les gens de neige comme elle ne mangent que de la neige. Tu entends bien, Pivoine, il ne faudra rien lui donner de chaud.

Il y eut un silence de quelques minutes, pendant que Pivoine était allé de l’autre côté du jardin. Tout à coup Violette lui cria joyeusement :

— Regarde, Pivoine, un rayon de soleil l’a rendue toute rose, et la couleur est restée ; n’est-ce pas magnifique ?

— Oui, c’est magnifique, répondit Pivoine en scandant son adjectif pour lui donner plus de force. Oh ! Violette, regarde ses cheveux, ne dirait-on pas de l’or ?

— Je le crois bien, dit Violette, avec le calme de la certitude, c’est la lumière du soleil qui lui a donné cette belle couleur. Je pense qu’elle est finie à présent ; mais ses lèvres sont encore bien pâles. Si tu l’embrassais un peu pour voir, Pivoine ?