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CONTES ÉTRANGES

labrée, qui allait être son appartement. Un soupir s’échappa de ses lèvres.

— Sainte Vierge ! s’écria la vieille Lisabetta, qui, séduite par la bonne mine du jeune homme, s’efforçait de mettre tout en ordre dans sa chambre, quel soupir vous poussez là, seigneur ! trouvez-vous cette vieille demeure si triste ? Regardez, je vous prie, par cette fenêtre qu’illumine un rayon de votre beau soleil napolitain.

Machinalement Guasconti se rendit au désir de la vieille femme, et le soleil lombard ne lui sembla pas, à beaucoup près, aussi gai que celui de son pays. Cependant il éclairait, à ce qu’il put voir, un assez beau jardin rempli d’une grande variété de fleurs qui paraissaient cultivées avec un soin extrême.

— Est-ce que ce jardin appartient à la maison ? demanda Giovanni.

— Le ciel nous en préserve, tant qu’il ne sera pas mieux fourni de légumes, répondit Lisabetta. Non, ce jardin appartient au docteur Giacomo Rappaccini, dont la réputation a dû s’étendre au delà de Naples, à ce que je présume. Il cultive ses plantes lui-même, et l’on prétend qu’il en distille des philtres puissants. Vous pourrez, seigneur, le voir souvent à l’ouvrage, ainsi que la demoiselle sa fille, émondant à l’envi les fleurs étranges de leur parterre.

La vieille femme ayant terminé les apprêts de la chambre du jeune homme, sortit en le recommandant à la garde de tous les saints.

Resté seul, Giovanni, pour tuer le temps, se mit à la fenêtre qui donnait sur le parterre du docteur. Au premier abord, il lui sembla pareil à ces jardins botaniques comme