pect de son merveilleux ami rendit au jeune homme toute sa confiance et tout son espoir.
— Confiance ! lui disait une voix secrète interprétant le sourire de l’oracle, confiance, il viendra.
Des années s’écoulèrent encore avec plus de rapidité, mais au milieu du même calme. Ernest, paisible habitant de sa vallée natale, était un homme dans la force de l’âge, et peu à peu le peuple avait appris à le connaître. Il travaillait toujours pour gagner son pain quotidien, et son cœur était aussi simple qu’autrefois, mais il pensait beaucoup, et les meilleurs instants de sa vie avaient été consacrés à des rêveries idéales dont l’unique sujet était le bonheur de l’espèce humaine. Sa vie s’écoulait sereine et calme comme un fleuve tranquille roulant ses flots limpides au milieu d’une éternelle verdure. Il semblait que le monde devînt meilleur rien qu’à voir vivre cet homme simple et bon. Sans se détourner de sa route, il était aux autres un perpétuel enseignement, et, sans en avoir conscience, il prêchait à tous la sagesse et la vertu. Ses pensées, à la fois simples et pures, se manifestaient par de bonnes actions, faites modestement, mais dont le bruit se répandait insensiblement dans la vallée. Lorsque, par hasard, il prenait la parole, c’était pour laisser tomber quelque vérité qui, germant un jour ou l’autre dans l’esprit de ses auditeurs, avait souvent sur leur manière de vivre une influence dont ils ne se rendaient pas compte eux-mêmes, ne voyant dans Ernest qu’un de leurs voisins, un homme comme tant d’autres. Lui-même ne se doutait pas de la portée de ses discours, et, naturellement, comme le ruisseau murmure, sa bouche laissait échapper de sublimes pensées