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— Et quand ça serait, riposta Satanite en grognant, ne verrai-je pas dans les broussailles aussi clairement qu’une autre ? Cet œil est à moi comme à vous, et je sais la manière de m’en servir aussi bien que vous, si ce n’est mieux ; donnez-le-moi, vous dis-je, que je regarde tout de suite le buisson dont vous parlez. »

Mais la troisième sœur, dont le nom était Branlante, commença à se plaindre, prétendant que c’était son tour d’avoir l’œil, et qu’Infernale et Satanite voulaient en jouir à elles seules. Pour terminer la querelle, Infernale retira l’œil de son front, et le présenta aux deux autres.

« Allons, pas de dispute ; le voilà, prenez-le, dit-elle. Pour ma part, je ne suis pas fâchée de rester un peu dans l’obscurité. Prenez-le donc vite, ou je le garde et me le remets au front. »

Satanite et Branlante avancèrent leurs mains à tâtons, pour recevoir l’œil que tenait toujours leur sœur ; mais comme elles étaient aveugles, il leur devenait très-difficile d’atteindre ce précieux objet, car elles ne percevaient aucun des rayons qui s’échappaient de cet œil brillant, et demeuraient toutes les trois dans la nuit la plus profonde, où les retenait leur trop vive impatience de voir. Vif-Argent s’était fort amusé du spectacle de Satanite et de Branlante s’empressant toutes les deux de chercher l’œil à tâtons, et de leur désappointement de ne pas ren-