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contrer la main de leur sœur ; il eut grand’peine à s’empêcher d’éclater de rire.

« Voilà le bon moment pour toi, souffla-t-il à l’oreille de Persée. Vite ! vite ! élance-toi sur Infernale, et arrache-lui son œil de la main avant que l’une des deux autres ait pu le mettre à son front. »

Et, tandis que les trois vieilles femmes aux cheveux gris continuaient à se quereller, Persée franchit d’un seul bond le fourré de broussailles, et accomplit sa conquête. L’œil merveilleux, une fois dans sa main, jeta des flammes et le regarda en face d’un air d’intelligence, comme s’il eût compris sa pensée. Les vieilles femmes ne savaient rien de ce qui venait d’arriver, et chacune d’elles supposant qu’une de ses sœurs était en jouissance de l’œil, elles recommencèrent leur dispute. À la fin, comme Persée ne voulait pas mettre ces respectables matrones dans un plus grand embarras qu’il n’était nécessaire, il crut devoir leur expliquer ce dont il s’agissait.

« Mes bonnes dames, leur dit-il, je vous en prie, ne vous fâchez plus ; c’est moi qui ai l’honneur de tenir dans ma main votre œil d’un éclat si vif et si magnifique.

— Notre œil ! et qui êtes-vous ? » répliquèrent les trois sœurs en faisant retentir l’air d’un seul cri déchirant. Elles furent en effet terriblement