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— Ah ! ma chère enfant, répondit Midas en gémissant, je ne sais ce que ton pauvre père va devenir ! »

Et, en vérité, mes chers petits amis, avez-vous jamais entendu parler d’une position aussi lamentable que celle du roi Midas ? Il y avait là littéralement le déjeuner le plus magnifique qu’on pût servir à un roi, et c’était cette magnificence même qui le rendait complètement inutile. Le travailleur le plus pauvre, assis à table devant une croûte de pain et un verre d’eau, était, à coup sûr, mieux partagé que Midas, dont les mets délicats valaient en réalité leur pesant d’or. Et que devenir ? il avait déjà une faim dévorante : que serait-ce à l’heure du dîner ? Et ne mourrait-il pas d’inanition au moment du souper, qui, à n’en pas douter, se composerait encore de plats d’une digestion aussi difficile ? Combien de jours allait-il survivre à un régime d’une substance aussi riche ?

Ces tristes, réflexions troublèrent si fort le roi Midas, qu’il en était arrivé à se demander si, après tout, l’opulence est le seul bien désirable de ce monde, ou même si c’est le plus-désirable. Mais ce n’était là qu’une idée passagère. Fasciné par l’éclat du précieux métal, il aurait encore refusé de renoncer au toucher d’or pour une considération aussi mesquine que celle d’un déjeuner. Vous représentez-vous, mes petits amis, l’étendue