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ne pouvait croire, à l’horreur de la réalité qu’en fixant les yeux sur cette ravissante petite figure, dont une larme sillonnait la joue d’or massif, et qui avait un air si compatissant et si tendre. Alors il s’arrachait les cheveux et il souhaitait d’être l’homme le plus misérable du monde entier, si la perte de toutes ses richesses pouvait ramener la nuance rosée la plus légère sur les joues de sa chère enfant.

En proie à tous les déchirements du désespoir, il aperçut tout à coup, debout à la porte, l’étranger mystérieux. Midas laissa tomber sa tête sur sa poitrine sans proférer une parole : il avait reconnu la même figure qui lui avait apparu la veille, au milieu de ses trésors, et dont il avait reçu cette terrible faculté du toucher d’or. Le visage de l’étranger s’épanouissait toujours dans un sourire, et répandait une lumière jaunâtre dans toute la chambre, sur tous les objets transformés au contact de Midas, et particulièrement sur l’image de la petite Marie.

« Eh bien ! mon bon ami, dis-moi, je te prie, comment tu te trouves du toucher d’or ? »

Midas secoua la tête.

« Je suis bien misérable, s’écria-t-il.

— Bien misérable, dis-tu ? Comment cela se fait-il donc ? N’ai-je pas fidèlement tenu ma promesse ? N’as-tu pas vu se réaliser tous tes souhaits ?