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qu’il y reposait, deux immenses serpents se glissèrent à ses côtés, et ouvrirent leurs hideuses mâchoires pour l’avaler. Lui, nourrisson de quelques mois, avait pressé les reptiles chacun dans une de ses petites mains et les avait étranglés tous les deux. À peine adolescent, il avait tué un lion presque aussi gros que celui dont il portait la peau. Il avait ensuite livré bataille à un horrible monstre nommé l’hydre de Lerne, qui avait au moins neuf têtes, avec autant de gueules toutes remplies de dents excessivement aiguës.

« Mais le dragon des Hespérides a cent têtes, s’écria l’une des jeunes filles.

— Peu m’importe, répliqua le héros ; j’aimerais autant combattre deux de ces dragons qu’une seule hydre : car, malgré ma promptitude, aussitôt que j’avais coupé l’une de ses neuf têtes, elle était remplacée par deux autres. En outre, il y en avait une à laquelle on ne pouvait parvenir à donner la mort, et qui continuait à mordre avec le même acharnement, longtemps après avoir été tranchée. Aussi fus-je forcé de l’enterrer sous une pierre, où elle est encore en vie à l’heure où nous parlons. Quant à l’hydre elle-même et à ses huit autres têtes, elles ne feront plus jamais aucun mal. »

Le cercle gracieux qui l’écoutait, sentant que l’histoire devait probablement se prolonger, avait préparé une collation de pain et de grappes de rai-