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apparition à vous remplir d’épouvante : mais l’abattement et la fatigue se peignaient sur ce vaste visage, comme de nos jours sur la figure de certaines gens qui succombent sous le poids écrasant des affaires. Le ciel était à cet immense géant ce que les soucis de la terre sont à ceux qui s’en laissent surcharger : car, toutes les fois que les hommes font des entreprises au-dessus de leurs forces, ils doivent s’attendre précisément au sort de cet infortuné.

Pauvre géant ! Il y avait sans doute bien des années, qu’il était dans cette situation. Une antique forêt avait eu le temps : de croître et de se détruire depuis lors. Des chênes de six ou sept cents ans s’étaient reproduits de graine, et s’étaient frayé un passage entre les doigts de ses pieds.

Il abaissa ses regards des hauteurs, où il était placé, et, apercevant Hercule, fit éclater une voix retentissante, qu’on eût prise pour le bruit du tonnerre éclatant au sein des nuages dont sa tête était couronnée.

« Qui es-tu, là-bas, toi que je vois à mes pieds ? D’où viens-tu avec cette petite coupe ?

— Je suis Hercule ! répondit le héros d’une voix vibrante, et je cherche le jardin des Hespérides !

— Oh ! oh ! oh ! mugit le géant, en poussant un immense éclat de rire. Voici, ma foi ! une aventure qu’il est sage de tenter !

— Et pourquoi pas ? s’écria Hercule d’un ton pi-