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me sens accablé au bout de dix minutes, dans quel état doit-il être, lui qui soutient le ciel depuis des milliers d’années ? »

Chers enfants, vous ne pouvez pas vous faire une idée du poids de ce ciel d’azur qui semble si léger au-dessus de nous ; sans compter les tempêtes, et les ardeurs du soleil, et les nuages tantôt humides, tantôt glacés, qui se succèdent tour à tour. Croyez-vous qu’Hercule était à son aise ? Il craignait de plus en plus que le géant ne revînt pas. Il dirigea un regard attentif sur le monde, et s’avoua en lui-même qu’il valait beaucoup mieux pour son propre bonheur être un modeste berger, au pied d’une montagne, que de rester debout sur la cime et d’y supporter le firmament et son immensité. Vous comprendrez, en effet, que le robuste délégué d’Atlas avait assumé sur sa tête et sur ses épaules une responsabilité proportionnée à la pesanteur de son fardeau. Qu’arriverait-il, s’il n’observait pas une complète immobilité ? S’il ne tenait pas le ciel en parfait équilibre, le soleil se trouverait peut-être dérangé de la place qu’il occupe ; bon nombre de constellations pourraient perdre leur centre de gravité, et s’échapper en pluie de feu sur la tête des humains. Hélas ! quelle honte pour lui si, par sa maladresse, le ciel se mettait à craquer et à montrer une large fissure !

J’ignore combien de temps s’écoula depuis l’heure où il avait pris la place du géant jusqu’à