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êtes un homme très-fort, on n’en saurait douter ; mais voici la meilleure occasion pour vous d’en fournir la preuve. La postérité parlera de vous, soyez-en sûr.

— Je me moque bien de ce qu’elle pourra dire, s’écria Hercule en remuant de nouveau les épaules. Reprenez seulement votre fardeau pour quelques minutes, en attendant que je me fasse un coussin avec ma peau de lion. Cela m’échauffe énormément, et va me gêner sans nécessité pendant tant de siècles que je dois demeurer dans la même position.

— C’est trop juste, et me voilà ! répondit le géant ; car il n’avait aucune raison d’en vouloir à Hercule, et n’avait d’abord agi que par égoïsme et pour se mettre à l’aise. Je suis prêt, dit-il, mais seulement pour cinq minutes. Je n’entends point passer mille autres années comme les dernières. La variété fait le charme de la vie, voilà mon opinion ! »

L’imbécile que ce géant avec son peu de finesse ! Il jeta les pommes d’or et reprit le ciel sur ses épaules. Hercule ramassa les trois pommes, aussi grosses que d’énormes potirons, et se remit immédiatement en marche pour retourner chez lui, sans faire la moindre attention à la voix tonnante du géant qui lui hurlait de revenir.

D’autres arbres poussèrent aux pieds d’Atlas et y formèrent une épaisse forêt ; et l’on put voir de