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— Je n’en ai jamais mangé de meilleur, répondit l’étranger. Une autre tasse de cet excellent lait, s’il vous plaît, et j’aurai soupé mieux qu’un prince. »

Cette fois le vieux Philémon s’empara de la cruche, car il était curieux de découvrir s’il y avait une ombre de réalité dans les merveilles que Baucis lui avait révélées. Il savait que sa femme était incapable de mentir, et qu’elle s’était rarement trompée dans ses suppositions. Le cas était si singulier, qu’il avait besoin de le vérifier de ses propres yeux. En levant la cruche, il donna un rapide coup d’œil dans l’intérieur, et vit avec satisfaction qu’il n’y avait pas une seule goutte de liquide. Tout d’un coup, cependant, il aperçut un petit jet blanc qui s’élançait du fond du vase, et qui le remplit bien vite, jusqu’aux bords, d’un lait écumant et parfumé. Par bonheur Philémon, dans son trouble, ne laissa pas échapper de sa main la cruche miraculeuse.

« Qui êtes-vous donc, étrangers, qui opérez de tels prodiges ? s’écria-t-il encore plus ébloui que sa femme.

— Tout simplement vos hôtes, mon cher Philémon, vos amis, répliqua le plus âgé des voyageurs d’une voix douce et pénétrante, et en même temps pleine de noblesse. Donne-moi aussi une tasse de ce lait ; et puisse cette cruche n’être jamais vide pour ta généreuse femme et pour toi, non plus que