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Quel changement s’était opéré ! Et quelle fut leur surprise à la vue d’un beau palais de marbre blanc, orné d’un large portique, au lieu même où s’élevait leur pauvre cabane !

« Voilà dorénavant votre séjour, dit l’étranger en fixant sur eux un regard paternel. Exercez-y l’hospitalité comme vous l’avez fait envers nous, hier, soir, dans votre humble chaumière ! »

Les deux bons vieillards tombèrent à genoux pour lui exprimer, leur reconnaissance ! Mais leur bienfaiteur et Vif-Argent avaient disparu…

À partir de ce jour, Philémon et Baucis habitèrent ce beau palais de marbre, jouissant en paix d’une satisfaction bien vive, quand il leur arrivait de recevoir les voyageurs qui passaient de ce côté. La cruche au lait, je ne dois pas oublier de le dire, conserva le don de ne jamais rester vide. Toutes les fois qu’un hôte au cœur généreux et loyal se versait une tasse de son contenu, il proclamait invariablement qu’il n’avait jamais approché de ses lèvres une boisson aussi douce et aussi fortifiante ; mais si, au contraire, c’était un avare égoïste et bourru qui voulait y goûter, il ne manquait pas de faire une grimace abominable, en accusant le vase de contenir du lait aigre et tourné.

Philémon et Baucis, déjà centenaires, vécurent bien longtemps encore dans ce magnifique palais. Leur vieillesse se prolongea d’année en année. À