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qui remplissait sa cruche, il s’arrêta, et demanda à cette dernière s’il ne pourrait pas se désaltérer un peu.

« Voilà une eau délicieuse, » s’écria-t-il après avoir bu, en jetant le reste de la cruche. Puis, l’ayant remplie de nouveau : « Voulez-vous être assez bonne pour me dire comment vous appelez cette fontaine ?

— Elle porte le nom de Pirène ; ma grand’mère m’a assuré que cette fontaine avait été jadis une femme célèbre ; son fils ayant été tué à coups de flèches par Diane la Chasseresse, tout son corps se fondit en une source de larmes. Ainsi cette eau, que vous trouvez si fraîche et si agréable, ce sont les larmes d’une malheureuse mère !

— Je n’aurais jamais imaginé, répondit le jeune étranger, qu’une eau si transparente, au murmure si doux et si mélodieux, et qui paraît se livrer à de si joyeux ébats, sous les rayons du soleil, pût renfermer une seule larme dans son sein. C’est donc ici la fontaine de Pirène ? Je vous remercie, ma jolie fille, de m’avoir appris son nom. Je viens d’un pays lointain, précisément pour visiter ces lieux. »

L’homme entre deux âges, qui avait amené là sa vache pour l’y faire boire, regarda avec étonnement le jeune homme, ainsi que la bride qu’il portait à la main, et lui dit :

« Les ruisseaux doivent être bien bas, mon ami,