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— J’ai cru le voir une fois, répondit-elle en souriant et la rougeur au front. C’était ou Pégase, ou un énorme oiseau blanc qui volait à une grande hauteur. Une autre fois, comme je venais à la fontaine, j’entendis un hennissement. Mais quel hennissement vif et mélodieux ! Mon cœur en bondit de transport. J’eus presque peur cependant, et je revins en courant à la maison sans avoir rempli ma cruche.

— Quel dommage ! » dit Bellérophon.

Puis il se tourna vers l’enfant dont j’ai parlé au commencement de ce récit, et qui était devant lui tout yeux et tout oreilles, comme sont souvent les enfants en présence d’étrangers.

« Et toi, mon petit camarade, lui dit-il en jouant avec une boucle de ses cheveux, je suppose que tu as souvent vu le cheval dont nous parlons ?

— Oh ! que oui ! répondit l’enfant ; je l’ai vu pas plus tard qu’hier, et bien des fois auparavant.

— Voilà un brave petit homme ! s’écria Bellérophon en s’approchant de lui. Voyons, conte-moi ce que tu as vu.

— Vous saurez donc que je viens souvent ici lancer de petits bateaux, et ramasser de jolis cailloux dans le bassin de la fontaine ; alors quelquefois, quand je regarde au fond, je vois l’image du cheval ailé sur le ciel qui est dans l’eau. Comme je voudrais qu’il descendît et qu’il voulût bien me prendre