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avait attendu si longtemps ; oui, c’était bien lui qui venait se désaltérer à la source de Pirène.

La merveille de l’air approchait de plus en plus, décrivant dans son vol de grands cercles, comme font les colombes au moment de s’abattre sur la terre. Plus il descendait, plus sa beauté était frappante et plus ses ailes étincelaient. Enfin il se pose avec une telle légèreté, que son pied effleure à peine l’herbe qui croissait autour de la fontaine, et imprime faiblement sa trace sur le sable du rivage. Il allonge la tête et commence à boire. Il entre dans le bassin, poussant de longs et doux gémissements, prend des attitudes gracieuses et tranquilles, puis hume une gorgée de temps en temps, çà et là, en la savourant délicatement : car, de toutes les eaux que lui offraient la terre et les nuages, celle de Pirène était la seule où Pégase aimât à se désaltérer. Sa soif une fois satisfaite, il tondit quelques fleurs parfumées de petit trèfle, sans en faire toutefois un repas copieux, car il y avait sur les flancs de l’Hélicon de frais pâturages, arrosés seulement par les nues, et qui convenaient bien mieux que cette herbe commune à la finesse de son palais.

Après qu’il se fut complètement désaltéré et qu’il eut brouté quelques brins d’herbe vulgaire, le coursier ailé se mit à bondir et à se livrer à mille ébats folâtres. Jamais créature aussi harmonieuse dans ses mouvements n’avait existé sur la terre. Il était là,