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ponnaient aux fragments de rochers battus par les vagues, tandis qu’en rêve elles déchiraient sans doute quelque pauvre mortel. Les serpents qui formaient leur chevelure paraissaient dormir comme les monstres dont ils couvraient la tête ; néanmoins, de temps à autre, l’un d’eux entr’ouvrait ses mâchoires, dardait sa langue fourchue en faisant entendre un sifflement à demi assoupi, et retombait dans sa torpeur, au milieu du groupe monstrueux.

Vues ainsi, les Gorgones ressemblaient à d’effroyables insectes, à des scarabées gigantesques aux élytres cuivrés, à des dragons dont la hideur se mêlait à une certaine beauté ; seulement, elles étaient un million de fois plus grosses qu’un insecte, et avaient dans leur ensemble quelque chose qui tenait de la forme humaine. Heureusement pour Persée, leurs traits étaient complètement cachés par la position qu’elles occupaient ; car, s’il avait seulement aperçu leur visage, il serait tombé du haut des cieux, et n’aurait plus été qu’un bloc de pierre insensible.

« Maintenant, lui dit tout bas Vif-Argent, voici l’heure de faire ce que tu dois accomplir ; dépêche-toi, car il serait trop tard si l’une d’elles s’éveillait.

— Laquelle faut-il frapper ? demanda Persée en tirant son glaive. Toutes les trois ont la tête garnie de serpents ; mais laquelle est Méduse ? »

Cette dernière était la seule dont notre héros dût