Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

figure, dont la beauté, disait Cadmus, éclipsait leur récolte parfumée.

Soudain, un papillon à brillantes couleurs vint à voltiger dans la prairie, et aussitôt Cadmus, Phénix et Cilix se mirent à sa poursuite, en criant que c’était une fleur qui avait des ailes. Europe, un peu fatiguée d’avoir joué toute la journée, ne se joignit point, à ses frères dans la chasse entreprise contre le papillon, mais demeura à la place où ils l’avaient laissée, et pencha la tête en fermant les yeux. Pendant quelques instants elle prêta l’oreille au doux bruissement des vagues. Une voix paraissait en sortir, et dire en se prolongeant : « Chut ! chut ! » comme pour l’inviter au sommeil. Mais la jolie enfant commençait à peine à s’assoupir, lorsqu’elle entendit un bruit de pas sur le gazon à côté d’elle. Elle lança aussitôt un regard furtif à travers les fleurs qui la couvraient, et aperçut un taureau blanc comme la neige.

D’où pouvait venir ce taureau ? Europe était restée longtemps avec ses frères à jouer sur l’herbe ; ils n’avaient vu ni taureaux, ni aucun autre animal dans ces parages, non plus que sur les collines environnantes.

« Cadmus ! mon frère ! s’écria-t-elle en surgissant d’un monceau de lis et de roses. Phénix ! Cilix ! où êtes-vous tous ? Au secours ! Au secours ! Venez donc chasser ce taureau ! »