Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/123

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plus haut que jamais. Il revint au galop, et, arrivé près d’Europe, inclina sa tête devant elle, comme pour saluer la fille d’un roi, ou comme pour sanctionner, par son geste, cette importante vérité, qu’une petite fille est une reine pour tout le monde. Non seulement il inclina son front, mais il s’agenouilla aux pieds de l’enfant en faisant de petits signes de tête et en prenant des poses séduisantes, dont elle interpréta la signification aussi clairement que si des paroles les eussent accompagnés.

« Viens, charmante enfant, voulait-il dire, viens, que je te porte sur mon dos ! »

Au premier moment où elle crut comprendre cette invitation, Europe recula. Puis elle réfléchit qu’il ne pouvait y avoir de danger à s’abandonner à un animal aussi docile et aussi affectueux, qui, après une petite course, la laisserait descendre aussitôt qu’elle en manifesterait le désir. Quelle serait la surprise de ses frères en la voyant courir à travers la prairie, à cheval sur un taureau ! Et quelles bonnes parties ils feraient, en montant chacun à leur tour, ou en grimpant tous les quatre à la fois sur l’animal complaisant ! Ce seraient des cris de joie et des éclats de rire qui pourraient se faire entendre jusqu’au palais du roi Agénor !

« Pourquoi donc hésiterais-je ? » pensa-t-elle ; et, jetant un regard à la dérobée, elle entrevit Cadmus, Phénix et Cilix toujours occupés à la poursuite du