Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/155

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— Ni moi, dit un second voyageur.

— Ni moi non plus, s’écria un troisième. Quand elle ferait encore ainsi une centaine de lieues, je suis déterminé à voir la fin de cette étrange aventure. »

Vous devez bien vous en douter maintenant, c’était une vache enchantée ; et quiconque s’aventurait à la suivre une demi-douzaine de pas, subissait, sans s’en rendre compte, l’influence magique dont elle était douée. Ils ne pouvaient s’empêcher de marcher derrière elle, bien qu’ils fussent persuadés qu’ils le faisaient de leur propre volonté. Cet animal extraordinaire n’était pas le moins du monde soigneux dans le choix du chemin à parcourir. Aussi les voyageurs avaient souvent à franchir des rochers, à passer à gué des étangs et des mares. Couverts de boue, les vêtements en lambeaux, leur condition devenait de plus en plus misérable. Ils étaient à la fois harassés de fatigue et tourmentés par une faim horrible.

Cependant ils continuaient à marcher avec courage, en s’entretenant les uns avec les autres. Les étrangers se prirent d’amitié pour Cadmus, et résolurent non-seulement de ne jamais le quitter, mais de l’aider à bâtir une ville dans l’endroit où la vache viendrait à se coucher. Au centre s élèverait un magnifique palais qu’habiterait Cadmus en qualité de souverain ; on lui donnerait un trône, une