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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/240

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et jette les yeux avec surprise sur la large ouverture qu’elle a pratiquée dans le sol en arrachant le rosier.

Ô surprise ! cette ouverture s’agrandissait toujours, et devenait de plus en plus profonde, au point qu’elle semblait être un abîme sans limites. Un murmure incessant sortait des profondeurs du gouffre et croissait en approchant. On eût dit le piétinement des chevaux et le roulement d’un chariot. Trop impressionnée pour prendre la fuite, elle demeura les yeux fixés, le regard perdu dans cette prodigieuse cavité, et ne tarda pas à distinguer un attelage de quatre chevaux noirs, dont les naseaux exhalaient un double jet de fumée, et qui traînaient vers la surface de la terre un char doré, de la plus éblouissante magnificence. Char et coursiers s’élancèrent du précipice sans fond, et parurent au grand jour. C’étaient de nobles animaux agitant leurs crinières et leurs queues noires comme l’ébène, et frappant le sol de leurs pieds nerveux à deux pas de la place où se tenait Proserpine. Dans le char était assis un homme richement vêtu, portant sur la tête une couronne étincelante de diamants, d’une taille majestueuse, beau de figure, mais les traits empreints d’une expression mélancolique et sombre. Il passa sa main sur ses yeux comme pour les ombrager : on eût dit que, peu habitué à la lumière du soleil, il cherchait à en garantir sa vue.