Aller au contenu

Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

char, agita les rênes de ses chevaux, qui bondirent rapidement dans l’espace. La vitesse de leur course était si grande qu’ils volaient plutôt qu’ils ne galopaient. En un moment Proserpine perdit de vue l’agréable vallée d’Enna, berceau de son enfance. Puis elle distingua le sommet du mont Etna, dont la masse azurée se confondait, à l’extrémité de l’horizon, avec les tourbillons de fumée vomis par le volcan. La pauvre petite enfant ne cessait de crier ; elle laissait tomber à chaque instant quelques-unes des fleurs dont elle avait rempli son tablier, et qui marquèrent la route suivie par le char. Bien des mères, aux oreilles de qui ses gémissements parvenaient, couraient de tous côtés, éperdues, s’imaginant que leurs enfants avaient éprouvé quelque malheur. Mais celle dont le nom était invoqué avec tant de désespoir se trouvait trop loin et ne pouvait pas entendre.

Tout en poursuivant sa course, l’inconnu s’efforçait d’apaiser sa captive.

« Pourquoi une telle frayeur, ma belle enfant ? dit-il en essayant d’adoucir sa voix. Je vous promets de ne vous faire aucun mal. Quoi ! vous étiez à cueillir des fleurs ? Attendez que nous arrivions à mon palais ; je vous donnerai un jardin rempli de fleurs plus belles que celles-ci, toutes composées de perles, de diamants et de rubis. Devinez-vous qui je suis ? Mon nom est Pluton ; je suis le roi des