Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/259

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chaumière, de chaque ferme, réveillant les laboureurs fatigués, pour s’enquérir auprès d’eux s’ils avaient vu son enfant. Ceux-ci, à moitié réveillés et les membres engourdis, sortaient sur le seuil de leur porte ; ils lui répondaient d’un air de compassion et l’invitaient à entrer pour se reposer. Elle s’arrêtait encore au portail de tous les palais, et s’y annonçait si bruyamment que, les gens de service s’empressaient de lui ouvrir, s’imaginant donner accès à quelque puissant monarque ou à quelque grande reine qui venaient réclamer l’hospitalité duc à leur rang. Mais en apercevant une femme triste et agitée, avec un flambeau à la main et une guirlande de coquelicots fanés sur la tête, ils lui parlaient rudement, et parfois la menaçaient de lâcher les chiens après elle. Personne n’avait vu Proserpine, personne ne pouvait fournir le moindre indice. La nuit se passa ainsi ; elle n’en continua pas moins ses investigations, sans s’asseoir ou se reposer un instant pour prendre un peu de nourriture. Elle oubliait même d’éteindre sa torche enflammée, dont la lumière pâlissait devant les premières clartés de l’aurore et s’effaçait complètement aux brillants rayons du soleil. Il me serait impossible de vous dire de quelle matière se composait cette torche. Elle brûlait aussi vivement durant la journée, et pendant la nuit recouvrait son éclat, sans s’éteindre jamais, malgré le vent et malgré la pluie, tant que