Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/261

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ne s’était pas désaltérée aux eaux de sa fontaine, la naïade, les yeux pleins de larmes (car ces sortes de nymphes ont des larmes toujours prêtes pour les chagrins du premier venu), répondait : « Non ! » avec un souffle semblable au murmure d’un ruisseau.

Souvent encore elle trouvait sur son chemin des Faunes à la face brûlée par l’ardeur du soleil, comme sont les gens de la campagne ; seulement ils avaient des oreilles couvertes de poil, de petites cornes au front, des jambes de bouc, et folâtraient par les bois et les prairies. D’un caractère espiègle et jovial, leur gaieté se changeait en mélancolie autant que leur nature le leur permettait, en entendant les interrogations de Cérès. Eux non plus ne savaient rien de consolant. En d’autres endroits une troupe de Satyres se présentait à la vue de la voyageuse, avec cette brusquerie qui les caractérise. Assez comparables à des singes, et porteurs d’une queue comme celle du cheval, ils passaient généralement le temps à danser tumultueusement et à pousser entre eux de bruyants éclats de rire. Quand elle les arrêtait pour les questionner, leur hilarité en redoublait, et la vue de cette douleur maternelle leur fournissait uniquement une occasion de plaisanteries et de gais propos. Voyez un peu quelles vilaines créatures c’étaient que ces malveillants Satyres ! Un jour, traversant un champ solitaire qui servait de