Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/273

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portes de fer avaient pour gardien Cerbère aux trois têtes, ne pouvait s’attendre à voir cesser sa captivité. Hécate, toujours disposée à présenter les événements sous leur point de vue le plus affligeant, assura à Cérès qu’il ne lui restait désormais qu’à la suivre jusqu’à la taverne, pour passer le reste de sa vie à déplorer sa misérable destinée. Mais cette dernière lui rendit la liberté de s’en retourner si elle le préférait. Quant à elle-même, elle ajouta qu’elle allait continuer son voyage pour chercher l’entrée des domaines du roi Pluton. Hécate la prit au mot, et se hâta de se diriger vers sa retraite de prédilection, épouvantant sur son passage tous les petits enfants qui entrevoyaient sa tête de chien.

N’est-ce pas une chose navrante de penser à cette mère infortunée, poursuivant, seule, un voyage aussi pénible, avec une torche toujours allumée, dont la flamme présentait un emblème fidèle de la douleur et de l’espérance qui se partageaient son cœur ? Elle souffrait si cruellement que, bien que les grâces de la jeunesse embellissent encore ses traits au moment où ses angoisses commencèrent, elle eut bientôt après l’apparence d’une femme avancée en âge. Peu lui importait désormais l’élégance de ses habits. Elle négligeait même de se débarrasser de cette couronne de coquelicots dont elle avait ceint son front le jour de la disparition de