Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/291

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rer, ma chère enfant, que ce palais est bien triste et bien monotone, malgré la profusion et l’éclat de ces pierres précieuses. Il était fort naturel que je cherchasse la société de quelque créature dont le caractère heureux fît un peu diversion à la mélancolie de mon âme. J’espérais qu’un jour vous prendriez ma couronne pour jouet, et moi pour… Ah ! vous riez, méchante !… et moi pour compagnon de vos plaisirs. Mais quelle prétention insensée !

— Pas si insensée, vraiment, murmura la jeune fille ; car vous m’avez quelquefois bien amusée, je vous assure.

— Merci, reprit le monarque tant soit peu piqué. Mais je vois assez clairement que vous prenez mon palais pour une prison ténébreuse, et que vous me considérez comme un geôlier au cœur de fer. Ce cœur de fer, je l’aurais en effet, ma pauvre enfant, si je prolongeais ici votre séjour, après que pendant six grands mois vous avez refusé toute nourriture. Je vous rends votre liberté. Que Vif-Argent se charge de vous conduire. Hâtez-vous d’aller retrouver votre tendre mère. »

Or, vous ne vous en seriez pas doutés, Proserpine ne put prendre congé du pauvre roi Pluton sans éprouver quelques regrets et aussi quelques remords de ne lui rien dire au sujet de la grenade. Elle versa même une larme ou deux, en pensant combien ce grand palais allait lui sembler solitaire