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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/295

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mère ! Pour chacune de ces six graines de grenade, tu devras passer un mois de chaque année dans le palais du roi Pluton. Je ne t’ai reconquise qu’à moitié. Je ne pourrai jouir de ta présence que six mois, et les autres mois tu appartiendras à ce misérable souverain du ténébreux empire.

— Ah ! ne parlez pas si sévèrement du pauvre roi Pluton, répliqua Proserpine en embrassant de nouveau sa mère. Il ne manque pas de bonnes qualités, et je pense que je pourrai facilement passer six mois dans son palais, s’il me permet d’en passer autant près de vous. Il a certainement agi fort mal en m’enlevant par surprise ; mais, comme il dit, quelle vie horriblement triste il menait là, tout seul, dans ce séjour si morne et si sombre ! Si vous aviez vu comme ma seule présence a opéré un merveilleux changement autour de lui ! Il y a un certain plaisir à le rendre si heureux ; et, après tout, mère bien-aimée, remercions les dieux de ce qu’il ne me gardera pas là-bas pendant l’année tout entière. »