Aller au contenu

Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gues. Bien qu’il ne fût pas très large pendant la saison des grandes chaleurs, son lit était complètement rempli par des pluies abondantes et par la fonte des neiges du mont Olympe. Les flots mugissaient avec tant de fracas et offraient un spectacle si sauvage et si terrible, que Jason, avec toute sa témérité, jugea prudent de s’arrêter sur le rivage. Au-dessus de l’eau apparaissaient de distance en distance, des pointes de rochers, auxquelles s’attachaient des branches brisées et des troncs d’arbres déracinés. Çà et là flottaient des cadavres de brebis ou de vaches surprises la nuit dans les étables.

Comme vous voyez, le torrent débordé avait déjà causé bien des désastres. Il était évidemment trop profond pour qu’on s’exposât à le traverser à gué, et trop rapide pour le passer à la nage. Jason n’apercevait aucun point ; et quant à un bateau, il n’y fallait pas penser, car les rochers l’eussent mis on pièces immédiatement.

« Voyez-vous ce pauvre garçon ! dit une voix tremblotante à ses côtés. Il doit avoir reçu une bien médiocre éducation, puisqu’il se trouve si embarrassé pour passer un petit ruisseau comme celui-ci. A-t-il peur de mouiller ses belles sandales à bandelettes d’or ? Quel dommage que son maître d’école à quatre pieds ne soit pas là pour le transporter sain et sauf sur son dos ? »

Jason jeta les yeux autour de lui, confondu de