Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/340

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crainte des loups-garous et des fantômes errants. Mais, à mon point de vue, le dragon est simplement un reptile de proportions assez développées, qui a moins de chance de m’avaler d’un seul morceau que je n’en ai d’abattre sa tête hideuse et de le dépouiller ensuite. Quoi qu’il arrive, recule qui voudra ; quant à moi je ne reverrai jamais le beau ciel de la Grèce, ou je rapporterai avec moi la Toison d’or.

— Nous te suivrons tous ! s’écrièrent d’une voix unanime ses quarante-neuf camarades. Remontons à l’instant sur la galère ; et, si le dragon nous attend pour son déjeuner, grand bien lui fasse ! »

Et Orphée, dont l’habitude était de mettre en musique toutes les émotions et tous les récits, fit sur ce sujet une sublime composition. Son chant fut si harmonieux et si éloquent, qu’il n’y avait pas un de ces enfants de la Grèce qui, au souvenir de sa tendre mère, ne regardât comme un bonheur sans bornes de combattre les dragons, et ne mît au-dessus de tous les honneurs possibles celui d’être, au pis-aller, dévoré d’une seule bouchée.

Lorsque les Argonautes eurent entendu cette œuvre lyrique dont la puissance avait pénétré leurs âmes, se confiant à la direction des deux princes familiarisés avec la route, ils firent route vers la Colchide. Quand le roi du pays, nommé Aétès, reçut