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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/345

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sant que Jason eût pu être accessible à la crainte, il se fût épouvanté de s’attirer l’inimitié de cette princesse. En effet, avec tous ses charmes, elle pouvait devenir, au premier moment, aussi redoutable que le dragon préposé à la garde de la Toison d’or.

« Princesse, s’écria-t-il, vous semblez, en effet, respirer la sagesse et la puissance. Mais quelle voie emploierez-vous pour m’aider comme vous me le proposez ? Seriez-vous une enchanteresse ?

— Oui, prince, répondit-elle en souriant, vous avez deviné juste. Je suis une enchanteresse. Circé, la sœur de mon père, m’a révélé sa science ; il me serait facile de vous dire, si je voulais, qui était la vieille femme au paon, à la grenade et au bâton surmonté d’une figure de coucou, que vous avez portée à travers le torrent ; vous sauriez également, si cela me plaisait, qui vous conseille par les lèvres de l’image de chêne attachée à la proue de votre galère. Vous voyez que je suis au fait de ce qui vous concerne principalement. Applaudissez-vous de me trouver favorablement disposée envers vous, car autrement vous auriez de la peine à échapper aux étreintes mortelles du dragon.

— Je ne me soucierais pas tant de ce dragon, répliqua Jason, si je savais comment me tirer d’affaire avec les taureaux aux pieds et aux poumons, d’airain.