Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/352

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restre. Le premier regard qu’ils jetèrent sur le monde fut un regard de colère et de défi. Les cuirasses suivirent ; chaque bras droit brandissait un glaive ou une lance ; à chaque bras gauche était suspendu un bouclier. Quand cette étrange moisson de guerriers fut à moitié sortie du sol, dans leur impatience ils se donnèrent une dernière secousse et se déracinèrent. Partout où était tombée une dent de dragon, un homme armé se levait, prêt pour le combat. Les boucliers retentirent sous le choc des épées, et des regards féroces s’échangèrent, car ils n’étaient venus dans ce monde pourtant si beau, et par une nuit éclairée des doux rayons de la lune, que pour donner carrière à leur rage et à leurs passions tumultueuses, et reconnaître ainsi le bienfait de la vie.

Il y a eu ici-bas bien d’autres armées animées d’une férocité semblable à celle de la bande engendrée par les dents du dragon ; mais les soldats dont nous venons de parler étaient d’autant plus excusables, qu’ils n’avaient pas, eux, des femmes pour mère. Et quelle bonne fortune n’eût-ce pas été pour un grand capitaine possédé de l’idée de conquérir le monde, par exemple César ou Napoléon, de faire lever une moisson de guerriers armés de pied en cap, comme Jason le fit si aisément ?

Pendant un certain temps, ces hommes altérés de sang brandirent leurs épées, et firent résonner leurs