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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/60

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meux labyrinthe que construisit Dédale avant de se fabriquer une paire d’ailes et de s’envoler de notre île comme un oiseau. Ce Dédale était un très habile artiste ; mais, de toutes les œuvres de son génie, ce labyrinthe est la plus surprenante. Nous n’aurions qu’à avancer de quelques pas, et nous pourrions errer toute notre vie sans retrouver notre chemin. Au milieu se tient le Minotaure, et c’est là, Thésée, qu’il vous faut aller le rencontrer.

— Mais comment me sera-t-il possible de le trouver, s’il est si facile de s’égarer ? »

Il fut interrompu par un bruit sourd, assez semblable au mugissement d’un taureau, mais qui cependant avait quelque rapport avec la voix humaine. Thésée crut distinguer dans la vibration de cette voix sauvage l’effort fait par un monstre pour articuler quelques paroles. La distance était, il est vrai, assez grande pour qu’il ne pût s’assurer si c’était un rugissement de taureau ou les accents d’une voix humaine.

« C’est le cri du Minotaure, dit tout bas Ariane en serrant convulsivement la main de son protégé, et en portant la sienne sur son cœur qui battait d’effroi. Laissez-vous guider par cette voix en suivant les détours du labyrinthe, et dans peu vous trouverez le monstre. Attendez ! prenez un bout de ce peloton de soie ; j’en tiendrai l’autre dans ma main ; et alors, si vous triomphez, le fil vous ramènera près de moi. Adieu, valeureux Thésée ! »