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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/64

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glement d’un taureau et de la voix d’un homme, sans ressembler toutefois ni à l’un ni à l’autre. À mesure que Thésée marchait, il sentait son cœur en proie à la tristesse et à la colère : car, dans sa pensée, l’existence d’un pareil monstre était une insulte à la lune, au ciel, et à notre mère commune, la terre, si prodigue envers nous dans sa bonté et sa bienfaisance.

Il s’avançait toujours. Tout d’un coup les nuages s’amoncelèrent devant l’astre de la nuit, et le labyrinthe devint tellement sombre, que notre hardi voyageur n’avait plus conscience de sa marche cent fois égarée. Il se fût souvent cru perdu sans espoir de jamais retrouver son chemin, s’il n’eût senti, à certains petits mouvements imprimés au fil par la main de la tendre Ariane, qu’une tendre sympathie veillait sur lui. Elle lui communiquait ainsi ses sentiments de crainte et d’espérance, comme si elle eût été à ses côtés. Oh ! je puis vous assurer que d’une main à l’autre se transmettait un vif courant d’affection humaine le long de ce faible fil de soie ! Thésée poursuivait fermement sa marche dans la direction des épouvantables mugissements qui devenaient de plus en plus bruyants, et si éclatants qu’à chaque nouveau détour il s’attendait à voir le monstre surgir devant lui. À la fin, il arriva dans un espace ouvert, au centre même du labyrinthe, et la hideuse créature apparut à ses yeux.