Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frère Pygmée, merci, mon ami, » d’une voix de tonnerre dont la vibration eût renversé le plus solide de leurs temples, sans la distance qui l’en séparait.

Heureusement pour ce peuple si faible, Antée nourrissait à son égard des sentiments d’amitié sincère ; car il y avait dans le petit doigt du colosse plus de force que dans un million d’individus comme ceux dont nous parlons. S’il avait été pour eux aussi méchant que pour tout le monde, il eût pu, d’un coup de pied, détruire de fond en comble la plus importante de leurs cités, sans même s’en apercevoir. Il n’avait qu’à souffler un peu pour soulever les toits d’une centaine de maisons, et emporter dans les airs les habitants par milliers, comme un tourbillon de poussière. Supposez que le géant eût simplement posé son immense pied sur une multitude vivante, et qu’il l’eût ensuite retiré, vous représentez-vous l’horreur d’une pareille catastrophe ? Mais étant, comme eux, fils de la terre, le géant les aimait d’un amour de frère, et aussi tendrement qu’on pouvait aimer des créatures si infimes. De leur côté, les Pygmées rendaient à leur aîné autant d’affection que leur cœur était susceptible d’en contenir. Ils le trouvaient toujours prêt à les aider de tout son pouvoir. Avaient-ils, par exemple, besoin d’une brise légère pour faire tourner leurs moulins, aussitôt toutes les ailes se met-