Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/41

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C’est un fait — les statistiques le prouvent — que dans les pays limitrophes du nôtre, le français ne recule pas : pas même en Belgique, malgré l’ardente campagne que les flamingants ont menée contre lui. Ce fut déjà une belle revanche que le congrès d’Arlon, en 1908, où, pour la première fois, on proposa l’adoption du français comme langue scientifique internationale ; si jamais attaque ne fut plus vive, jamais défense ne fut suivie d’un plus heureux effet. En Suisse, la frontière linguistique va sans cesse reculant vers le Nord. Nous ne perdons rien en Alsace ; et dans les vallées des Alpes, nous gagnons.

C’est un fait que dans les groupements européens, le français ne recule pas. Voyez chez les Latins : il suffit d’être entré dans un salon à Rome ou à Florence, d’avoir regardé les titres des livres aux étalages, écouté le bavardage des marchands, parcouru le programme des écoles, pour être sûr que l’Italie donne à notre langue le premier rang après la sienne. De même l’Espagne, qui se montrerait moins hostile à notre égard si elle était moins avide de lire pêle-mêle tous nos journaux, tous nos livres, et