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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/45

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dans des villes comme Bruxelles ou Genève. Or, les jeunes gens qui viennent ainsi à nous spontanément représentent souvent dans leurs pays un élément choisi ; ce sont les plus curieux de nouveautés, les plus ouverts, les plus actifs. Ils n’auront pas écouté la parole des maîtres, ils n’auront pas vécu de la vie française pendant une ou plusieurs années, sans emporter de profonds souvenirs. Cette langue qu’ils auront apprise à sa source, ils l’enseigneront peut-être ; en tout cas, ils tiendront à la parler toujours. L’influence qu’ils auront subie se multipliera par l’influence qu’ils exerceront.

Un sociologue étranger, qui étudiait dans un récent ouvrage « l’extension de la nationalité française », et considérait la langue « comme le signe extérieur le plus apparent de la nationalité », arrivait à une formule que nous pouvons faire nôtre. « Le français, disait-il, n’a semblé reculer, que parce que les autres langues nationales ont progressé ; celles-ci ont monté, mais lui n’a pas baissé. » Ne craignons pas de dire qu’il a monté lui-même. Forte de sa valeur propre, des nécessités nouvelles qui la réclament impérieuse-