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tandis qu’il traversait une rangée de montagnes, il fut surpris par une tempête de neige et perdit son chemin. Plusieurs jours plus tard, on le retrouva debout, appuyé contre un sapin, son petit baluchon attaché à ses épaules, véritable statue de glace, les bras croisés et les yeux fermés comme dans la méditation. Sans doute, en attendant que la tempête se dissipât, avait-il cédé à la somnolence qu’engendre le froid, et la neige s’était accumulée sur lui pendant qu’il dormait. Et, apprenant sa mort étrange, je me souvins du vieux dicton japonais : Uranaiya minouyé shiradzu. « Le diseur de bonne aventure ne connaît pas son propre destin ».