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nuer le moins du monde ce que le problème final a de lugubre.

La Foi de l’Extrême-Orient traite ce problème avec plus de succès que la Foi occidentale. Pour le Bouddhiste, le Cosmos n’est nullement divin ; au contraire. Il est Karma. Il est la création de pensées et d’actes erronés. Il n’est pas gouverné par la Providence. C’est un cauchemar. C’est pareillement une illusion. Il paraît réel pour la même raison que les formes et les douleurs d’un mauvais rêve semblent réels au dormeur. Notre vie sur terre est un sommeil. Pas absolu. Il y a des scintillements dans l’obscurité, de pâles lueurs d’Amour, de Pitié, de Sympathie et de Magnanimité. Elles sont altruistes et vraies, éternelles et divines. Ce sont les quatre choses éternelles dans le rayonnement où toutes les formes et toutes les illusions disparaîtront enfin comme des brumes dans la lumière du soleil. Mais, — sauf dans la mesure où nous nous éveillons à ces sentiments, — nous sommes en vérité des dormeurs qui nous plaignons dans l’obscurité, torturés par une hor-