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Page:Hegel - La Logique subjective, Ladrange, 1854.djvu/17

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vii
PRÉFACE.

telligibles, est-il bien sûr que leur obscurité, d’une part, et notre bon sens, de l’autre, nous aient suffisamment protégés ? Personne, je pense, n’oserait le soutenir pour le passé. Nous ne voulons point chicaner sur le degré de cette influence, manifeste en beaucoup de points à tous les yeux, moins visible en une infinité d’autres, mais reconnaissable encore à des regards un peu exercés, qui ne se laissent point abuser par quelques changements de forme, commandés par notre esprit et nécessaires pour les faire admettre.

« Mais nous soutiendrions la gageure même pour le présent. Sous peine d’être déclaré visionnaire, nous nous ferions fort de montrer l’esprit, quelquefois la lettre, partout l’empreinte de ces doctrines, dans les productions de notre époque, où l’on s’attendrait le moins à les trouver. Nous les surprendrions peut-être, pour ne pas dire certainement, et surtout, dans les écrits qui leur sont le plus hostiles, précisément parce qu’on ne se heurte que quand on se touche, et que l’on parcourt la même voie. Pour quiconque sait comment s’importent les idées, comment ces voyageuses ailées traversent les frontières, sans se laisser plus arrêter par les cordons sanitaires de la littérature négative, que par les montagnes et les fleuves ; avec quelle facilité elles changent de costume et se métamorphosent ; par quelles portes cachées elles pénètrent dans les esprits les plus en garde contre elles, les surprennent, s’y logent, les dominent et les obsèdent quand ils réagissent, se débattent et luttent contre elles, ou enfin, prennent la plume pour les réfuter, il n’y a là ni vision ni subtil paradoxe, mais un fait général, dont l’application au cas particulier pourrait se démontrer par l’analyse des principales productions des arts et de la littérature actuels…

« En appelant l’attention des hommes sérieux sur les œuvres mêmes de cette philosophie, nous voulons préparer et susciter une critique puissante et féconde, non semblable à celle qui leur rend service et perpétue leur domination par une censure ignorante, des attaques maladroites ou des accusations exagérées, mais qui, au lieu de frapper à côté ou par derrière, ose les regarder en face et se mesurer avec elles avec les armes de la science et de l’esprit ; non celle qui croit les supplanter en éludant les questions