Page:Hegel - La Logique subjective, Ladrange, 1854.djvu/29

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Dans quelques autres parties de sa philosophie, Kant est retombé dans l’erreur commune aux logiciens, qui regardent la notion ou l’idée d’une chose comme une abstraction arbitraire ou fortuite, et qui, par cela même, supposent implicitement qu’une chose peut avoir beaucoup de propriétés essentielles dont le moi n’a pas connaissance. Ainsi, selon ces philosophes, le moi se forme une idée en s’emparant de quelques-unes des propriétés des choses, laissant les autres de côté ou faisant, comme on dit, une abstraction. D’après cette théorie, qui est celle de la plupart des logiciens, la notion ou l’idée ne serait qu’une pâle et faible copie d’un riche modèle.

Sans doute, je l’avoue, il peut se faire que l’idée d’une chose soit d’abord incomplète, et que nous commencions par en saisir fortuitement quelques qualités isolées, n’ayant entre elles aucun lien apparent. Mais je dis que nous arriverons tôt ou tard à la vérité absolue, attendu que nos idées sont parfaitement réelles, et que les choses extérieures n’ont pas reçu le singulier privilège de demeurer toujours et à l’infini en dehors ou au delà de nos idées, qui, dans ce cas, ne pourraient jamais se dire la vérité, mais resteraient à cet état d’abstraction que les logiciens leur concèdent.

Kant prétend que les idées ou notions des choses nous sont données par les formes générales appelées caté-