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DES IDÉES.

nent qu’une image bien affaiblie de l’Idée, en comparaison de celle que nous offre l’esprit humain. Car une idée, même absurde, dans la tète d’un sot, a plus de valeur que toutes ces lois ensemble, attendu qu’elle procède d’une activité volontaire et libre qu’on ne trouve point dans le mouvement des astres.

Ainsi que nous venons de le dire, c’est surtout dans la sphère des sciences morales et de l’Éthique, qui est la plus élevée de toutes, que l’on voit les notions les plus générales avoir aussi le plus d’étendue ou de contenu, et embrasser un plus grand nombre de choses sans être, pour cela, plus fausses ou plus pauvres. Ainsi l’idée de religion ne répond pas seulement au sentiment de soumission ou de dépendance qui enfante les cultes barbares, et qui se rencontre aussi bien chez les peuples primitifs que chez les nations civilisées, mais elle a encore une signification beaucoup plus élevée ou plus riche. Et si nous prenons pour second exemple l’ensemble des institutions politiques qui constituent la notion de l’État, il est clair que ces institutions ne pourraient pas être regardées comme ayant atteint le plus haut degré de perfection ou de réalité qu’elles comportent, si on les concevait selon l’idée que s’en forment les peuplades de l’Afrique, qui peuvent bien donner comme nous le nom d’État aux premiers essais d’insti-