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de la poésie en général.

pire infini de l’esprit. La parole, de tous les matériaux de l’art celui qui convient le mieux à l’esprit, le plus capable d’exprimer ses intérêts et tous les mouvements de sa vie intime, doit, comme le font dans les autres arts la pierre, la couleur, le son, être employée ici comme le mode d’expression le plus propre à ce but. Sous ce rapport, c’est principalement à la poésie qu’est dévolue la tâche de révéler à la conscience les puissances de la vie spirituelle, en général les passions qui s’agitent au fond de l’âme, les affections du cœur humain, ou les pensées qui se succèdent d’une manière plus calme dans l’intelligence de l’homme, en un mot, le domaine. entier des idées, des actions, des destinées humaines, le cours des choses de ce monde et le gouvernement divin de l’univers. C’est ainsi qu’elle a été et qu’elle est encore l’institutrice de l’humanité, et que son influence est la plus générale et la plus étendue. En effet, enseigner et apprendre, c’est savoir, c’est avoir l’expérience de ce qui est. Les étoiles, les animaux, les plantes ne se savent pas et n’ont pas conscience de leur loi. L’homme, au contraire, n’existe conformément à la loi de son être, qu’autant qu’il se sait lui et ce qui l’environne. Il doit connaître les puissances qui le font agir et le dirigent. Or, un tel savoir est ce que donne la poésie dans sa forme originelle et vraie.

II. Mais le fond de la pensée prosaïque n’est-il pas aussi le même ? n’enseigne-t-elle pas les lois générales de l’univers, comme elle sait en distinguer, coordonner et