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de la poésie en général.

en général suivant les rapports extérieurs du fini. Par là, chaque chose particulière apparaît, d’un côté dans une fausse indépendance, d’un autre côté elle est simplement rattachée à une autre et saisie seulement comme relative et dépendante. En elle ne se révèle pas cette libre unité qui, malgré la multiplicité des parties et des développements, forme un tout organique libre, lorsque les parties ne sont que le déploiement et la manifestation du principe qui en constitue l’âme et le centre, qui les pénètre et les vivifie. Aussi ce mode de la pensée logique ne va pas au delà des lois particulières des phénomènes ; elle s’arrête à la séparation et à la simple relation des faits particuliers avec leur loi générale ; de même que ces lois elles-mêmes restent isolées et séparées, parce que leur rapport n’est toujours conçu que sous la forme extérieure ou du fini.

D’un autre côté, la pensée commune ne pénètre même guère jusqu’à l’enchaînement interne et rationnel des choses, jusqu’aux principes, aux causes, aux fins, etc. ; elle se contente d’accueillir les faits tels qu’ils s’offrent dans leur individualité, c’est-à-dire avec leur caractère accidentel et insignifiant. Dans ce cas, il est vrai, aucune distinction rationnelle ne détruit cette unité vivante par laquelle l’intuition poétique maintient l’essence des choses dans une liaison intime avec sa manifestation extérieure. Mais ce qui manque ici, c’est précisément le regard de l’esprit qui sous cette enveloppe atteint l’idéal et cette signification profonde des choses. Celles-ci restent par là privées d’essence