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Page:Hegel - Logique, t. 2, trad. Véra, 1874.djvu/17

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doctrine de l’essence.

que l’essence et ce principe ne s’affirment et ne se démontrent comme tels qu’en entrant dans la sphère phénoménale. En général, dans cet appel qu’on fait à l’essence de la nature humaine, comme se distinguant du contenu de ses actions, on ne se propose que de donner une importance exclusive à la subjectivité aux dépens de ce qui a une valeur en et pour soi[1].

  1. L’être est la détermination immédiate de l’idée et des choses (Das U mittelbare, l’immédiat). Toute chose est d’abord avec sa quantité, sa qualité et sa mesure, lesquelles ne sont que des déterminations abstraites et extérieures qui viennent se concentrer dans une détermination plus concrète et plus profonde, l’essence. Lorsque nous voulons connaître ce qu’une chose est en et pour soi, nous ne nous arrêtons pas à son être et à ses déterminations, mais nous allons au delà dans la supposition qu’il y a sous l’être autre chose, un autre principe que lui, et que c’est cet autre principe qui fait la vérité de l’être lui-même. Lorsque nous disons que toutes choses ont une essence, nous voulons dire qu’en réalité et dans leur fond elles ne sont pas telles qu’elles se montrent immédiatement à notre aperception. L’essence est, par conséquent, une détermination médiate en ce qu’elle sort de l’être qu’elle présuppose et contient, mais qu’elle contient combiné avec ses propres déterminations. Ainsi les déterminations de l’être sont simples et immédiates, et les déterminations de l’essence, qui contient l’être, sont doubles et médiates, ce qui fait que dans l’être il y a seulement passade d’une détermination à l’autre, tandis que les déterminations de l’essence sont unies par un lien plus intime. Par exemple, il y a passage de l’être au non-être, de la qualité à la quantité ; mais ces déterminations ne sont pas ainsi constituées que l’une étant donnée l’autre soit donnée en même temps, et sans sortir d’elle-même. Or, c’est là ce qui a lieu dans les déterminations de l’essence. Ici les deux termes, cause et effet, identité et différence, etc., sont donnés immédiatement l’un dans l’autre, se réfléchissent l’un sur l’autre, et chacun, en se réfléchissant sur l’autre, se réfléchit sur lui-même. Ce mouvement réfléchi constitue ce que Hegel appelle le Schein, l’apparence, ou l’apparaître de l’essence, parce que, d’une part, l’être n’est qu’une apparence, ou il ne fait qu’apparaître vis-à-vis de l’essence, et que, d’autre part, cet apparaître a lieu au dedans de l’essence elle-même pour laquelle l’être a été présupposé, ou qui, pour mieux dire, a présupposé l’être. Ainsi l’être séparé de l’essence n’apparaît point, car il n’est que l’être. Il n’apparaît, par conséquent, qu’autant qu’on le compare avec l’essence, et qu’il est dans l’essence, car l’apparence est l’élément négatif (das Negative) de l’être, élément