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Page:Hegel - Philosophie de la nature, trad. Vera, tome 1, 1863.djvu/207

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simple et universel de l’esprit lui-même. C’est également une erreur de regarder les productions de l’esprit et de l’art comme inférieures aux choses de la nature, parce que dans les premières la matière est tirée du dehors, et qu’il n’y a pas de vie. Comme si l’esprit et ses formes n’avaient pas un bien plus haut prix, et ne contenaient pas une vie plus haute que les formes de la nature ! Comme si la forme en général n’était pas supérieure à la matière, et que dans toute œuvre morale, ce qu’on peut appeler matière n’était pas un produit de l’esprit. Comme enfin si ce qu’il y a de plus élevé dans la nature, l’être vivant, ne tirait point sa matière du dehors ! On accorde à la nature le privilége de demeurer fidèle à des lois éternelles au milieu de la contingence de ses produits. Mais c’est là ce qui a lieu aussi dans le domaine de l’esprit et de la conscience, et on le reconnaît déjà dans la croyance en une providence qui gouverne les affaires humaines. Ou bien faudra-t-il dire que les lois de cette providence ne sont contingentes et irrationnelles que dans le gouvernement du monde moral ? De toute manière, et alors même que l’esprit agissant arbitrairement va jusqu’au mal, ses œuvres sont d’un prix infiniment plus grand que les révolutions régulières des astres et la vie aveugle de la plante. Car celui qui faillit est toujours l’esprit[1].

La divisibilité de la matière, dit Hegel (Zusatz), ne signifie rien autre chose. si ce n’est que la matière est extérieure à elle-même. L’immensité de la nature qui d’abord éveille notre étonnement, est cette même extériorité.

  1. Conf. sur ce point, dans nos Mélanges philosophiques, Introduction à la philosophie de l'histoire.