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Page:Hegel - Philosophie de la nature, trad. Vera, tome 1, 1863.djvu/42

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cette direction qu’ils dépasseront même la vraie limite, établissant entre l’accident et l’absolu ce même rapport nécessaire qu’ils ne voulaient point reconnaître d’abord entre la connaissance et l’être, enseignant, veux-je dire, que l’insecte le plus obscur, l’événement le plus insignifiant, rien, en un mot, n’échappe au regard de l’absolu. Mais la sphère de la science est précisément la sphère de l’unité systématique et de l’absolu, et dans cette sphère l’être et le connaître sont inséparablement unis. Et c’est parce qu’ils le sont dans la sphère de l’absolu qu’ils le sont aussi dans celle du relatif et du fini. Car lorsque la pensée accidentelle et finie se livre à la recherche des lois de son être, ou de l’être des choses en général, elle ne fait que suivre, instinctivement d’abord, et avec conscience ensuite, cette impulsion et ce lien profond qui l’unissent à l’objet et à son essence, et l’objet, à son tour, ne stimule la pensée que parce qu’il veut être connu par elle, et qu’il sent, pour ainsi dire, qu’elle constitue sa fin et sa plus haute réalité.

La science n’est donc pas un élément, un principe qui vient s’ajouter à l’univers, on ne sait d’où ni comment, mais elle est, au contraire, ce qu’il y a de plus profond et de plus intrinsèque aux choses, et l’on doit dire que tout aspire à la science, tout est entraîné comme par un mouvement commun vers ce point, qui est le point culminant de l’existence. D’ailleurs la science est le vrai, et le vrai est la science, c’est-à-dire la science et le vrai ne font qu’un, car de l’être qui n’est pas connu on ne peut rien affirmer, ni le vrai, ni le faux, ni une autre propriété quelconque ; et, d’un autre côté, la connaissance qui ne renferme pas l’être n’est pas la connaissance.