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INTRODUCTION.

simples et vous dessinent en deux traits irréguliers une figure d’homme, un cheval, etc. La beauté, comme œuvre de l’esprit, au contraire, a besoin, même dans ses commencements, d’une technique perfectionnée, d’essais multipliés et d’exercice. Quant au simple considéré comme caractère du beau, comme la grandeur idéale, c’est plutôt un résultat. On n’y arrive qu’après être passé par de nombreux intermédiaires. Il faut avoir triomphé de la multiplicité, de la variété, de la confusion, de ce qui peut paraître déréglé et pénible. La simplicité consiste alors à cacher, à effacer, dans cette victoire, tous les préparatifs et les échafaudages antérieurs ; de sorte que maintenant la libre beauté paraisse sortie sans obstacle comme d’un seul jet. Il en est ici comme des manières d’un homme bien élevé, qui, dans tout ce qu’il dit et ce qu’il fait, se montre simple, libre et naturel, qualités qu’il semble posséder comme un don de la nature et qui sont cependant chez lui le fruit d’une éducation parfaite.

Ainsi donc, logiquement et historiquement parlant, l’art, dans ses commencements, nous apparaît sans naturel, lourd, minutieux dans les accessoires, s’attachant à travailler péniblement les vêtements et les ornements. Et plus cette partie extérieure est compliquée et variée, plus est simple, en effet, la partie où réside l’expression, c’est-à dire plus est pauvre l’expression vraiment libre et vivante de l’âme dans les formes et les mouvements.