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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/20

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INTRODUCTION.

ils pendent larges et amples. De même, les premières poésies sont saccadées, incohérentes et monotones ; une seule idée ou un seul sentiment y domine exclusivement ; ou bien encore, elles sont pleines d’âpreté et de violence. Les détails sont entremêlés et sans clarté ; l’ensemble, mal lié, ne peut former un tout vivant et fortement organisé.

Mais le style, tel que nous devons le considérer ici, commence avec l’art proprement dit. Dans les commencements il est encore, à la vérité, âpre et rude, mais déjà tempéré par une beauté sévère. Ce style est le beau dans sa haute simplicité ; il s’attache à l’élément essentiel, l’exprime et le représente dans ses masses et dédaigne encore la grâce et l’agrément ; il laisse dominer la chose même, et ne consacre que peu de soin et de travail aux accessoires. Le style sévère se borne aussi à reproduire fidèlement le sujet donné. En effet, d’une part, en ce qui concerne le fond, il s’en tient, quant à la conception et à la représentation, à ce qui est fourni, par exemple, par la tradition religieuse, telle qu’elle existe. D’un autre côté, il veut aussi, quant à la forme extérieure, conserver simplement le sujet lui-même, et non y substituer une invention personnelle. Il se contente de cette impression générale et grande qui naît du sujet lui-même et de son expression, fidèle à son essence et à sa réalité. De même aussi, tout ce qui est accidentel est banni de ce style, afin que le caprice et l’arbitraire de la personnalité ne paraissent pas s’y introduire.