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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/206

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comme art de l'idéal classique.

considère de ce point de vue de la plastique, je ne dis pas seulement les héros épiques et dramatiques, mais aussi les hommes d’état et les philosophes qui appartiennent à l’histoire. Les hommes d’action eux-mêmes, aussi bien que les poètes et les penseurs, ont, dans les beaux jours de la Grèce, ce même caractère plastique, général, à la fois, et individuel, et cela à l’extérieur comme à l’intérieur. Ils se lèvent grands et libres sur la base de leur forte et substantielle individualité, se créant d’eux-mêmes, se formant ce qu’ils furent et voulurent être. Le siècle de Périclès fut particulièrement riche en pareils caractères : Périclès lui-même, Phidias, Platon et surtout Sophocle ; de même aussi, Thucydide, Xénophon, Socrate, chacun dans son genre, sans que l’un fût moindre par la comparaison avec les autres. Tous en soi sont ces hautes natures d’artistes, ces artistes idéaux d’eux-mêmes, des individus d’un seul jet, des œuvres d’art qui sont là comme des images des dieux immortels, chez lesquels rien n’est passager et sujet à la mort. Le même caractère plastique se retrouve dans les œuvres d’art qui représentent la force ou la beauté du corps, chez les vainqueurs des jeux olympiens, jusque dans l’apparition de Phryné, qui, comme la plus belle des femmes, sortait nue des eaux devant la Grèce entière.