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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/386

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fond romantique de la peinture.

dualité humaine, la peinture se trouve en présence d’une nouvelle difficulté. La profondeur de l’idée commence à dépasser ses moyens. Dans la plupart des cas où le Christ enseigne, par exemple, l’art ne peut aller plus loin que de le représenter comme l’homme le plus noble, le plus digne, le plus sage, en quelque sorte, comme Pythagore ou tout autre sage dans l’École d’Athènes, de Raphaël. Aussi, un expédient principal qu’emploie la peinture, consiste à faire en sorte que la divinité du Christ se manifeste par la comparaison avec ce qui l’entoure. Tantôt c’est le contraste avec le péché, le repentir, la pénitence ou la bassesse, la méchanceté des hommes ; tantôt, à l’inverse, ce sont des adorateurs, qui, par leurs prières adressées à leur semblable, là présent sous les mêmes traits qu’eux, l’enlèvent à l’existence immédiate, et nous le font voir dans le ciel de l’esprit. En même temps, nous voyons qu’il n’apparaît pas seulement comme Dieu. Cette forme ordinaire, naturelle, non idéale, nous montre que, comme esprit, il est essentiellement présent dans l’humanité, dans l’Église où se réfléchit sa divinité. Et ce reflet spirituel ne devra pas nous apparaître comme si la présence de Dieu dans l’humanité n’était qu’un simple accident, une forme ou une manifestation extérieure ; son existence spirituelle dans la conscience humaine devra nous paraître essentielle à l’existence spirituelle de Dieu même. Un pareil mode de représentation conviendra surtout lorsque le Christ nous